• Voici une petite sélection de chansons françaises que j'aime bien.

    On commence avec un superbe artiste : Oldelaf ! Avec La Pluie, une chanson pour enfants très poétique :

    Viennent ensuite deux chansons des Ogres de Barback (deux de leur plus tristes, j'aime bien les chansons tristes !) : Pas Bien (sur un suicide) et Moi Je (sur une rupture).

     

    A présent, Giedré et ses chansons délurées (bon le coup j'en ai choisi des "softs"), avec Mon Petit Chat Mon Petit Loup, La Petite Camionnette et L'Amour en Prison :

     

     Maintenant une chanson écolo par La Belle Bleue (Dernier Humain) :

     

    Une chanson contre la xénophobie avec Une Touche d'Optimisme (Et Je Deviens) :

     

    Et une sur la prostitution avec Lynda Lemay (Va Rejoindre ta Femme) :

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  • Case faits divers

     Ma réputation de libertine ne date pas d'hier. Je l'avais déjà au collège, elle est restée au lycée, puis à la fac. Même aujourd'hui, il n'est pas rare qu'on me traite de salope. Mais je n'en ai rien à faire, j'assume cet honneur qu'on me fait, à moi, l'anti-conformiste. Je n'ai jamais eu honte de mes remarques crues et de mes blagues sans raffinement; le mépris que les autres ont envers moi ne m'a jamais vraiment préoccupée, et je ne m'en sors que mieux. Mais j'ai beau être athée, dépravée, et débauchée comme on le peut, j'ai au moins le mérite de garder tout mon respect pour les gens qui ne penseraient pas comme moi. Je suis comme je suis, les autres sont comme ils le sont, et personne ne devrait rien avoir à redire là-dessus. Telle a toujours été ma philosophie de vie.

    Je considère mes choix de vie comme des choix de facilité: je ne parviens pas à croire à un quelconque dieu, je ne vais pas m'y forcer. Quelque chose ou quelqu'un me plaît, je fonce sans me poser de questions. J'ai envie de boire, fumer, me droguer ou me dénuder sur la place publique, j'agis sans penser à la suite. Mais curieusement je n'aime pas plus réfléchir aux conséquences de mes actes que je n'aime finir ma soirée au poste. C'est un grand paradoxe dans ma vie, un paradoxe encore irrésolu à ce jour. En tout cas, bien souvent je préfère tout de même me confronter à la police que de changer mes habitudes. Je choisi toujours la solution la plus simple pour moi. J'ignore quand cela a commencé; peut-être même que je suis née ainsi.

    Du coup, j'ai toujours voué une admiration sans borne à ceux qui, contrairement à moi, parviennent à faire preuve de modération et à mener une vie exemplaire. Je le confesse: je ne peux pas, par exemple, apposer mon regard sur une bonne-sœur sans avoir le cœur empli du plus profond respect. Pour pouvoir supporter une telle vie de privations, quel courage faut-il avoir ! D'où puisent-elles leur force ? Comment font-elles ? Le mystère est tel que je ne peux m'empêcher de les envier ! Elles n'ont pas choisi la facilité, et elles l'assument jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à la mort. J'aime le silence respectueux et pieux des établissements religieux, l'obstination des travailleurs qui se tuent toute la journée pour un salaire minime, la persévérance de tous ceux et toutes celles qui luttent à contre-courant pour ce qui leur semble bon. Même s'ils n'obtiennent que rarement des résultats, leur combat est noble, leurs intentions sont pures, leur silence face aux moqueries est d'or. J'ai choisi la facilité, eux la difficulté, et je veux bien le reconnaître, je ne cherche nullement à le cacher: je le dis, et le crierais même sur les toits si j'étais assez souple pour m'y hisser. J'éprouve donc la plus grande des joies lorsqu'une de ces personnes me comprend enfin et se passe de tout jugement à mon égard.

    Alors vous imaginez bien quelle fut ma réaction quand, en entrant en première année de fac, mes yeux ont croisé ceux d'une jeune femme voilée. Moi, la salope, la putain, la fille facile et j'en passe. Elle, la sainte, la belle, la noble, généreuse et dévouée. Depuis ce jour, ce jour béni où je l'ai vue pour la première fois, je n'ai jamais pu me retenir de lui prêter un regard quand je la croisais dans le campus. Elle m'a tout de suite fascinée.

    A la fac, la vie continuait son chemin, et je recevais toujours les mêmes surnoms et insultes dans la face. Des répliques comme "Salope", "Va chier pétasse", ou encore "Ta place est sur le trottoir" étaient mon quotidien, et cela me faisait toujours autant rire. De son côté, la seule fille voilée de la fac se prenait aussi bien des remarques perfides et islamophobes. Moi, c'était mon cynisme qui me protégeait, et elle, c'était sa foi. Deux façons différentes de dire merde à l'intolérance, quoi.

    Je mourrais d'envie de lui adresser la parole à chaque fois que je la voyais, et cela me tortura trois ans durant. C'est alors qu'en première année de master, un évènement imprévisible survint. Je pus enfin lui parler, et c'était quelque chose, même si la situation n'était pas des meilleures. Je rentrais d'un cours d'éco-droit avec ma bande d'amis. En passant dans un couloir, nous avons entendu des cris dans un amphi qui n'accueillait pourtant aucun cours à ce moment-là de la journée. Intriguée, j'ai dit à mes amis de m'attendre et suis rentrée dans la salle. C'est alors que je l'ai vue, elle, encerclée de toutes parts par des membres du syndicat étudiant de droite de la fac. Ils étaient en train d'essayer de lui arracher son voile de force, ces monstres, en même temps qu'ils la traitaient de "sale bougnoule" et disait qu'elle n'était "pas bien intégrée", qu'elle devait "retourner dans son pays". Bref, des choses horribles. C'était facile pour eux de s'en prendre à elle: elle était un ange, elle n'osait pas se défendre réellement, elle ne répondait pas à leurs insultes, elle se débattait à peine, tremblant plus de peur que de rage. Ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient d'elle, ils n'avaient à craindre de rien. Et ça, ça m'a vraiment révoltée. A leurs yeux, je n'étais peut-être qu'une salope, comme aux yeux de beaucoup d'autres par ailleurs, mais aussi salope puis-je être je ne me suis jamais abaissée à une chose pareille. Parce que, vraiment, j'ai toujours eu beaucoup de respect pour les femmes voilées, du courage qu'elles ont et que je n'ai pas. Et ils auraient mieux fait de faire de même, ces hypocrites qui se prétendent chrétiens.

    Tout est allé très vite. Je les ai attrapé par le bras, suite à quoi ils se sont retournés. En me voyant, ils ont ébauché une expression franchement comique sur leurs visages. Ils avaient l'air dégoûtés, dans le genre "oh mon Dieu, une pute m'a touché, je suis souillé maintenant !". Je leur alors ai crié rageusement "cassez-vous bande de fafs, retournez braire dans les jupons de Marine !", d'une façon un peu moins raffinée. Ils ont détalé comme des lièvres. C'est sans doute ma réputation qui leur a fait peur; pour une fois qu'elle sert à quelque chose celle-là ! Une fois qu'ils étaient bien loin, je me suis baissée vers la femme. Elle allongée était par terre, le visage apeuré, les membres tremblants. Cela me mis encore plus en colère contre ses fachos d'agresseurs. Heureusement pour eux, ils n'étaient plus dans les parages, sinon je ne garanti pas qu'ils s'en seraient sortis indemnes. Alors je lui ai tendu la main et l'ai aidée à se relever et remettre son voile en place. Mes amis, qui avait dû voir les syndicalistes s'enfuir, sont venus voir ce qu'il se passait. Je leur ai dit que tout s'était arrangé et qu'ils pouvaient partir sans l'attendre s'ils le souhaitaient, ce qu'ils ont fait. Ouais, les amis d'une salope, c'est pas le genre de personnes sur lesquelles on peut compter. C'est comme ça.

    A ce moment-là, j'avais envie de crier de joie, chose que je suis tout à fait capable de faire réellement en temps normal mais que je me suis retenue de faire cette fois-ci. Non seulement son regard n'était pas méprisant, mais en plus il semblait empli de reconnaissance. De toute ma courte vie de libertine, c'était bien la première fois qu'une personne pieuse se passait de tout jugement envers moi. Nous avons alors engagé une discussion.

    « Merci beaucoup de m'avoir secourue, madame, m'a-t-elle dit avec de la sincérité dans la voix.

    • De rien, c'est normal. Mais, répondis-je un tantinet gênée, ce n'est pas la peine de me vouvoyer, je suis la plus jeune.

    • Je l'ignorais. Mais il est vrai que vous... enfin, tu... es entrée à la fac après moi. Cela fait maintenant trois ans, n'est-ce pas ?

    • En effet, répliquai-je étonnée, comment tu le sais ?

    • Disons que... Je vais te paraître incorrecte, mais tu te fais assez remarquer à la fac. Je ne dis pas ça négativement, non !

    • Je veux bien le croire, faut dire que j'ai une fichue réputation. T'as déjà dû entendre les surnoms qu'on me donne.

    • Oui. Dans ma promo aussi beaucoup de gens parle sur toi. Je ne les comprends pas.

    • Pourtant, c'est pas dur à comprendre. Même moi je les comprends. A leur place, je penserais la même chose, je pense. Mais bon, je suis comme je suis, je n'y peux rien et je n'ai pas forcément envie d'y remédier. C'est comme ça... Et c'est pour ça que, je dois l'avouer... je t'admire. »

      Elle me regarda avec surprise, sans essayer de le cacher. Être admirée par une personne comme moi, c'est sûr que ça doit faire bizarre. Mais elle ne le prit pas mal.

    • Hm... C'est-à-dire que j'ai beau être comme je suis, j'ai toujours admiré les croyants. Et donc toi avec...

    • Je dois avouer que ça m'étonne que tu me dises ça, car moi, c'est toi que j'ai toujours admiré... en fait. »

      Attend. Quoi ?

    • Je me suis toujours demandé comment tu faisais pour supporter tout ça. Toutes ces insultes, toutes ces moqueries. Tu dois vraiment être forte et courageuse, pour réussir à le surmonter... »

      Je ne pouvais pas croire ce qu'elle était en train de me dire. Elle ne pouvait pas parler de moi de cette façon ! Moi, courageuse ? Forte ? Et quoi encore ?!

    • En quoi est-ce courageux d'être irresponsable comme je le suis ?

    • Ce n'est pas forcément de l'irresponsabilité, si c'est ton choix. Tu as décidé de l'assumer, tu es donc responsable de ce qu'il t'arrive. Et tu l'affrontes avec courage, c'est ça que je trouve admirable.

    • Je mène cette vie par facilité. Par paresse d'esprit.

    • En quoi ?

    • Je ne me fatigue pas, par exemple, à croire en un dieu. C'est tellement plus simple pour moi, je n'ai à me préoccuper de rien.

    • C'est facile, tu crois ? Tu te trompes ! Comment ne pas avoir peur, comment ne pas se poser de question sur ce qui nous entoure de près ou de loin, ou comment vivre sans avoir de réponse à ses questions ? Comment fais-tu ? Ce n'est pas à portée de tout le monde, loin de là !

    • Ah, c'est comme ça que tu le vois. Eh bien, je n'ai peur de rien puisque je crois à la décomposition après la mort, et comme je n'ai pas de réponse à mes questions je peux faire ce que je veux faire sans me poser davantage de questions. Une manière assez lâche de mener sa vie, je te l'accorde.

    • Non, justement. Moi, je suis fière de la voie que j'ai choisie. Et toi aussi, tu assumes tes choix. Il n'y a pas de manière lâche de vivre sa vie. Chacun fait ce qu'il veut de sa vie, c'est ça qui est beau... Ce qui l'est moins, c'est ceux qui empêchent les autres de vivre leur vie.

    • Comme les connards de tout à l'heure.

    • Oh, ne parle pas comme ça d'eux. Il ne faut pas leur en vouloir, ils sont juste ignorants.

    • Tu es vraiment trop gentille...

    • Mais non. En tout cas, je suis contente d'avoir pu parler avec toi. Ceux qui t'insultent sont eux aussi des ignorants. »

      Sur ce, nous nous sommes séparées. Et le lendemain, tout le monde ne parlait que de « la salope qui est venue en aide à la puritaine ». En effet, personne ne se serait imaginé que nous pouvions avoir quelque chose à faire ensemble. Qu'est-ce qui nous a rapproché ? Pour une fois que j'ai une réponse à une question, je ne vais pas me retenir de la dire: c'est parce que nous étions toutes les deux révoltées face à l'intolérance, et marginales comparé à ce qui nous entoure dans la vie de tous les jours. Car nous vivons dans une société où la condition de la femme est très réglementée, en particulier au niveau des vêtements: ni trop court, ni trop long. Sinon t'es soit une pute, soit une « mauvaise intégrée ». Et dans ce cas, il est du devoir de tout « bon patriote» de t'agresser ou au moins de t'insulter.

      Je ne l'ai plus revue après la fac. J'ai seulement vu son nom dans le journal, dix ans plus tard. « Fatma L. la jeune musulmane agressée cette semaine dans la ville de T., a fait une fausse couche suite à son agression par de jeunes islamophobes. »



     

    11-12 octobre 2013.

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  • La souris de cette semaine est celle d'un de mes livres pour enfants préférés. Il s'agit de la souris de Réflexions d'une grenouille de Kazuo Iwamura. Si vous avez des enfants, je vous recommande de leur acheter cette BD. C'est génial.

    Kazuo Iwamura: La Famille Souris

     Cette histoire parle d'une grenouille qui philosophe avec son amie la souris. J'imagine que ce livre a pour but d'initier les enfants à quelques notions philosophiques, tout en douceur. En tout cas moi j'aimais bien même si je ne comprenais pas toujours où elle voulait en venir ! En voici un extrait :

    Kazuo Iwamura: La Famille Souris

     C'était la souris de la semaine :)

    Samedi 5 octobre 2013

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  • Ainsi commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte, quand il montre le bout de son nez, on dit : C'est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et puis un jour on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l'expulser.

    http://www.midilibre.fr/2013/10/03/pour-marine-le-pen-le-front-national-n-a-rien-a-voir-avec-l-extreme-droite,764910.php

    Lepen ne veut plus qu'on la qualifie (elle et son parti) d'extrème-droite. On l'appelle comment alors ? "Fasciste refoulée" ?

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