• Politique

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    http://www.huffingtonpost.fr/2013/05/01/photo-koala-desoriente-habitat-detruit_n_3194355.html#slide=918052 

  • "Il n'y a pas d'homosexuels en Iran"

    Mahmoud Ahmadinejad, Septembre 2007.

     

    J'ai trouvé cet excellent article ici. Dans cet article, l'auteur passe en revue le livre sur l'Histoire de l'homosexualité en Iran de la célèbre académicienne iranienne Janet Afary, qui est professeure d'Histoire et d'Etudes sur les Femmes à l'Université de Purdue, et qui est également présidente de la Société Internationale des Universitaires Iranien.ne.s. Ce livre est intitulé "Politiques Sexuelles dans l'Iran Moderne", et traite des constructions du genre et de la sexualité en Iran sur une vaste période historique. La lecture approfondie d'Afary de textes anciens a servi à démontrer l'aspect "normal" qu'avaient les relations homosexuelles dans l'Iran prémoderne. Elle montre aussi que la violence homophobe en Iran est le résultat d'une influence du monde occidental moderne. Je ne suis cependant pas d'accord avec l'affirmation selon laquelle le marxisme serait orienté "homophobe". Le fait est qu'avec la révolution russe de 1917, l'homosexualité a été décriminalisée, et que ce fut une des premières actions du gouvernement révolutionnaire. L'argument comme quoi "le mépris pour l'homosexualité de Marx" serait "très documenté" n'est hélas pas très solide. Des passages des textes d'Engels ont fréquemment été cités par les anti-communistes pour répandre le "mythe de l'homophobie inhérente au communisme". Ces passages sont généralement sortis de leur contexte, et regardés en dehors de la "base scientifique" de l'époque pour condamner Engels. Le Mouvement de la Libération Homosexuelle a toujours eu de forts éléments marxistes. Les partis socio-démocratiques marxistes d'Allemagne et d'Europe furent les premiers partis à exprimer une sensibilité à la cause homosexuelle, et plus tard le Mouvement de Libération Gay eut toujours de fortes éléments d'idéologie marxiste. Le régime stalinien a aboli une quantité considérable de réformes léninistes, en particulier celles concernant les libertés sexuelles et les droits des femmes, afin de "restaurer la famille". Ces crimes ne devraient pas être attribués à Marx et aux marxistes. Mis à part cela, cet article demeure très bon et j'espère que vous en apprécierez sa lecture.

    Shaheryar Ali

     

    L'Histoire cachée de l'homosexualité en Iran

    par Doug Ireland

    Lorsque le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré en septembre 2007 à l'Université de Colombia que "En Iran, nous n'avons pas d'homosexuels comme dans votre pays", le monde entier a rit de l'absurdité de ses propos.

    Aujourd'hui, un ouvrage d'une universitaire iranienne en exil qui est sur le point d'être publié nous livre en détail à la fois la longue Histoire de l'homosexualité dans la nation iranienne, mais aussi les origines des campagnes qui ont cherché à effacer ses traces dans l'Histoire. Non seulement ce livre constitue une réponse remarquable aux propos d'Ahmadinejad, mais il démontre également que cette homophobie politique fut à l'origine un import occidental; en effet, autrefois la culture iranienne tolérait et célébrait fréquemment les relations de même sexe, et ce pendant plus de mille ans.

    "Politiques sexuelles dans l'Iran moderne", le livre en question, qui est édité par la Cambridge University Press et qui va être publié à la fin du mois prochain, contient une recherche et une analyse incroyables sur l'évolution du genre et de la sexualité, qui vont permettre de fournir des outils autant pour l'actuel mouvement des droits des femmes en Iran, qui combat la répression des ayatollahs, que pour les LGBT iraniens qui espèrent pouvoir se libérer de cette théocratie qui les condamne à la torture et à la mort.

    Son auteure, Janet Afary, présidente de la Société Internationale des Universitaires Iranien.ne.s, est une professeure d'Histoire et d'Etudes sur les Femmes à l'université Purdue qui a déjà publié plusieurs travaux fiables sur les politiques sexuelles iraniennes; au nombre desquels on compte notamment son remarquable ouvrage "Foucault et la Révolution Iranienne: Genre et Séduction de l'Islam" (2005), qui fut récompensé de prix, et dans lequel elle nous faisait déjà part de sa forte considération pour les personnes homosexuelles.

    Dans son nouvel ouvrage, où elle se penche sur une vaste période de l'Iran pré-moderne avec à l'appui une lecture précise de textes anciens, Afary dresse un portrait de la forme dominante des relations de même sexe de l'époque comme des relations au statut bien défini et grandement codifiées, dans laquelle un homme plus âgé (que l'on présume être la personne 'active' lors des relations sexuelles) aurait pour partenaire un homme plus jeune, appelé "amrad".

    Shah Abbas and Wine Boy. Louvre

    Shah Abbas and Wine Boy. Louvre

    Afary démontre comment, pendant cette période, les "relations homoérotiques entre hommes en Iran étaient liées par des règles de courtoisie amoureuse telles que le don de présents, l'enseignement de textes littéraires, l'entraînement physique et militaire, le mentorat, et le développement de contrats sociaux afin d'aider la carrière du partenaire le plus jeune. Parfois, les hommes échangeaient entre eux des serments connus sous le nom de "sigehs de fraternité" [sigeh = forme de mariage temporaire pouvant aller de quelques heures à 99 années, très courant parmi les couples hétérosexuels d'aujourd'hui] avec des sous-entendus homosociaux ou homosexuels.

    "Ces relations ne concernaient pas seulement le sexe, mais cultivaient aussi une affection entre les deux partenaires, en plaçant certaines responsabilités sur les épaules de l'homme le plus âgé (qui prenait en considération le futur du plus jeune). Les "sigehs de sororité", impliquant des pratiques lesbiennes, étaient également courants en Iran. Dans ces relations, la courtoisie était très importante. Le couple s'échangeait des présents, voyageait ensemble vers des sanctuaires, et passait occasionnellement la nuit ensemble. Les soeurs de sigehs pouvaient échanger serment sur les derniers jours de l'année, une période au cours de laquelle le monde était 'inversé de haut en bas', et où les femmes disposaient de plus de pouvoir sur les hommes."

    Des exemples de règles qui gouvernaient les relations de même sexe peuvent être retrouvés dans le "le genre littéraire 'Miroir pour les Princes' (andarz nameh) [qui] réfère autant aux relations homosexuelles qu'hétérosexuelles. Souvent écrits par des pères pour leurs fils, ou par des vizirs pour des sultans, ces livres contiennent des chapitres séparés à propos du traitement des partenaires masculins ou féminins."

    Dans un de ces livres, le Qabus Nameh (1082-1083), un père avertit son fils : "Entre les femmes et les hommes, ne limite pas tes inclinations à un seul des deux sexes : ainsi, tu trouveras la jouissance autant avec l'un que l'autre, sans qu'aucun des deux ne te repousse. L'été, laisse tes désirs te guider vers les hommes, et l'hiver, laisse les t'emmener vers les femmes."

    Afary disserte sur comment "la littérature classique perse (du XIIe au XVe siècle) regorgea de thèmes homosexuels (telles des allusions passionnées d'homoérotisme, du symbolisme, et même des références explicites sur de 'beaux jeunes hommes')". C'était vrai en ce qui concerne les grands maîtres Soufis de cette période, mais aussi pour les "poèmes du grand poète du XIXe siècle Iraj Mirza (1874-1926)... Les poètes classiques célébraient également les relations homosexuelles entre les rois et leurs pages."

    Afary écrit que "des comportements homosexuels et homoérotiques se manifestaient dans de nombreux autres espaces publics en dehors de la cour royal: des monastères et séminaires jusqu'aux tavernes, camps militaires, gymnases, hamams, salons de thé... Jusqu'au milieu du XVIIe siècle, les maisons de prostitution masculines (amrad khaneh) étaient établissements reconnus et contribuant aux impôts."

    Alors qu'Afary explore le rôle important de la classe sociale dans les relations de même sexe, elle éclaire également comment "La poésie perse soufie, qui est érotique (de manière assumée) autant que mystique, célébrait aussi les rituels de courtoisie entre [hommes] de statut plus ou moins égal... Le lien entre les amants et amoureux était... basé sur une forme de chevalerie (javan mardi). L'amour est un des idéaux éthiques les plus élevés, mais l'amour constitue également un contrat, dans lequel l'amant et l'aimé ont des obligations et des responsabilités spécifiques l'un envers l'autre, et l'amour les lie tous les deux... Les hommes soufis étaient encouragés à utiliser les relations homoérotiques comme un chemin vers l'amour spirituel."

    Immanquablement, les rituels de courtoisie lesbiens [les sigehs lesbiens, comme on l'a vu], qui continuèrent de l'époque classique jusqu'au vingtième siècle, étaient également codifiés : "La tradition dictait qu'une [femme] qui désirait une autre femme comme 'soeur' s'approchait d'un.e entremetteur.se matrimonial.e pour négocier l'affaire. L'entremetteur.se amenait un plateau de douceurs à la potentielle future amante. Il y avait un godemiché soigneusement placé au centre de ce plateau, ou bien une poupée faite de cire ou de cuir. Si la femme aimée acceptait la demande, elle jetait un foulard blanc à paillettes sur le plateau (semblable aux voiles de mariée). Si elle n'était pas intéressée, elle jetait un foulard noir sur le plateau avant de le renvoyer."

    Pas plus tard qu'à la deuxième moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, "La société iranienne acceptait toujours beaucoup de pratiques homoérotiques de la part d'hommes et de femmes... Les relations pédérastiques consensuelles et semi-ouvertes entre des hommes adultes et des amrads étaient monnaie courante dans divers secteurs de la société." Cette "bisexualité romantique" comme Afary la nomme, née à la période classique, restait toujours répandu à la cour et parmi les hommes et les femmes d'élite du début du XXe siècle, et "une forme d'amour en série ('eshq-e mosalsal) était communément pratiquée : l'amour d'une personne pouvait aller et venir des femmes aux hommes et des hommes aux femmes".

    Dans la cour du Roi Naser al-Dinh, qui dirigea la Perse de 1848 à 1896, avoir des concubins masculins était toujours une pratique acceptable, et le roi lui-même (en plus de ses femmes et de son harem), avait un jeune amant, Malijak, qu'il "aimait plus que quiconque". Dans ses mémoires, Malijak rappelle non sans fierté que "l'amour que le roi éprouvait pour moi atteignait le point où il m'est impossible d'écrire à ce sujet... Il me prenait dans ses bras et il m'embrassait comme s'il embrassait un de ses plus grands amours".

    Dans une longue partie de son ouvrage nommée "Vers une modernité occidentalisée", Afary démontre comment la mode de la modernisation qui a émergé pendant la Révolution Constitutionnelle de 1906 (qui donna à la monarchie persane son premier parlement) était fortement influencée par des concepts récoltés d'Occident.

    Une de ses révélations les plus stupéfiantes est la manière dont elle démontre comment un journal de langue Azérie, édité et publié dans le Caucase russe, Molla Nasreddin (or MN, qui paru de 1906 à 1931) influença cette Révolution iranienne avec un "nouveau discours important sur le genre et la sexualité", en reprenant le mépris (bien documenté) de Marx à l'encontre des homosexuels. Avec une ligne éditoriale qui adhérait aux concepts socio-démocratiques russes, incluant les droits des femmes, MN était aussi "le premier journal dans le monde musulman chi'ite à endosser l'hétéronormativité", en faisant écho au fameux mépris de Marx contre les homosexuels. Afary écrit que "ce journal illustré satirique, qui circulait parmi les intellectuels iraniens ainsi que les personnes ordinaires, étaient énormément populaires dans la région à cause de ses dessins et cartoons très graphiques."

    MN fit un amalgame entre homosexualité et pédophilie, et accusa les professeurs cléricaux et les dirigeants de "molester les jeunes garçons", joua avec les sentiments de "mépris" à l'encontre des homosexuels passifs, suggéra que les hommes de l'élite qui avaient des concubins amrads "avaient un intérêt direct à conserver les espaces publics homosociaux où les relations pédérastiques semi-ouvertes étaient tolérées", et "se moqua des rites d'échanges de serments homosexuels devant un mollah et les compara aux cérémonies de mariage". C'est ainsi que le discours d'homophobie politique développé en Europe, qui insistait sur le fait que seule l'hétérosexualité pouvait être la norme, fut introduite en Iran.

    Les attaques de MN à l'encontre de l'homosexualité "auront façonné les débats iraniens sur la sexualité pour le siècle à venir" et MN "devint un modèle pour plusieurs journaux iraniens de cette ère", qui reprenaient ses attaques contre le clergé conservateur et son rôle dans les pratiques homosexuelles. Dans les années qui suivirent, "les révolutionnaires iraniens réprimandèrent régulièrement des personnalités politiques pour leurs 'transgressions sexuelles'", et "des tracts révolutionnaires accusèrent les hommes adultes d'avoir des relations sexuelles avec d'autres hommes adultes, ils reprochèrent 'que des hommes de trente ans fassent des avances à des hommes de cinquante ans, et que des hommes de vingt ans fassent des avances à des hommes de quarante ans, ce juste sous les yeux du roi'. Certains tracts répétaient cette vieille allégation selon laquelle les personnalités politiques majeures avaient elles-mêmes été des amrads dans leur jeunesse."

    Par la suite, " les grands leaders constitutionnalistes ont rejoint avec enthousiasme la campagne contre l'homosexualité", écrit Afary, en notant que "l'influence du journal Kaveh (1916-1921), publié en exil à Berlin et édité par le célèbre constitutionnaliste Hasan Taqizadeh, dirigea l'opnion du mouvement contre l'homosexualité... Leur notion de la modernisation incluait à présent la normalisation de l'érotisme hétérosexuel et l'abandon de toutes pratiques homosexuelles, et même des simples inclinations homoérotiques."

    Quand Reza Khan renversa la dynastie monarchique Qajar et se proclama lui même roi en 1925, il entreprit une nouvelle vague de réformes et de modernisation qui incluait des mesures visant à rendre entièrement illégale l'homosexualité, ainsi qu'une attaque féroce (et réussie) à l'encontre de la poésie classique perse. Iraj Mirza, autrefois connu pour ses poèmes homoérotiques, "rejoignit les autres figures politiques dirigeantes de cette période dans leur bataille pour rendre l'hétérosexualité obligatoire." Ces politiciens et intellectuels insistèrent sur le fait que "le vrai patriotisme requiert que les gens changent leurs orientations sexuelles pour aller des garçons aux femmes... Les autres intellectuels et éducateurs entreprirent l'élimination des poèmes contenant des thématiques homosexuelles dans les livres d'école."

    Youth and Suitors

    A la tête de cette croisade, il y avait le célèbre historien et journaliste Ahmad Kasravi, "qui aida à donner forme à de nombreuses politiques culturelles et éducationnelles au cours des années 1930 et 1940". Kasravi fonda un mouvement nationaliste, Pak Dini (Pureté de la religion), qui donna lieu par la suite à de vastes conséquences sur la politique. Admirateur de MN, Kasravi prêcha que l' "homosexualité [était] une arriération culturelle", que les poètes soufis de l'homoérotisme menaient des vies "parasites", et que leur poésie queer était "dangereuse et devait être éliminée."

    (image de droite : Jeune homme et ses prétendants)

    Le mouvement Pak Dini de Kasravi "partit très loin, au point d'instituer un genre de festival d'autodafés tenu le jour du solstice d'hiver. Les livres jugés immoraux et nuisibles étaient jeté dans un bûcher au cours d'un événement qui semblait faire écho à l'élimination de 'l'art dégénéré' que l'on retrouvait chez les nazis et en Union Soviétique." Finalement, le premier ministre Mahmoud Jam, qui exerça ses fonctions de 1935 à 1939, accepta la demande de Kasravi d'interdire tous les poèmes homoérotiques des journaux quotidiens.

    Kasravi "basa son opposition à l'homoérotisme de la poésie classique sur plusieurs hypothèses. Il exigeait que la jeune génération étudie les sciences occidentales de sorte à reconstruire la nation, et il voyait la poésie soufie comme une diversion dangereuse. Aussi absurde que cela puisse paraître, Kasravi argua également que la Renaissance de la poésie persane était une grande conspiration concoctée par les orientalistes anglais et allemands afin de détourner les jeunes patriotes de l'héritage de la révolution constitutionnelle et d'encourager... des activités immorales."

    Afary ajoute tristement que "la plupart des activistes pour les droits des femmes sympathisèrent avec les projets de Kasravi, parce qu'il encourageait la culture de la monogamie, de l'amour hétérosexuel dans le mariage... A cette période, ni Kasravi ni les féministes ne faisaient de distinction entre le viol ou l'abus de jeunes garçons et les relations homosexuelles consentantes entre adultes."

    L'essor de la radio, de la télévision et de la presse écrite dans les années 1940 - auxquelles on peut compter le journal à grand tirage Parcham, publié depuis 1941 par le mouvement de Kasravi Pak Dini - donna lieu à un débat national sur les méfaits de la pédérastie, et, finalement, à la censure officielle de la littérature. Les références aux relations de même sexe et à l'amour des garçons furent éliminées des manuels scolaires et même des nouvelles éditions de poésie classique. "Les poèmes classiques étaient à présent illustrés de miniatures célébrant l'amour hétérosexuel plutôt que l'amour homosexuel, et les étudiants furent amenés à penser que l'objet de l'amour décrit dans les poèmes avait toujours été une femme, même lorsque le texte contredisait complètement cette hypothèse", écrit Afary. 

    Dans le contexte de censure triomphante qui effaça de la mémoire collective le gigantesque héritage culturel et littéraire qu'Afary nomme "éthiques de l'amour mâle" dans la période classique perse, il n'est guère surprenant que, comme Afary l'avait précédemment noté dans son "Foucault et la Révolution Iranienne", la virulence de l'actuelle répression homophobe du régime iranien découle en partie du rôle que l'homosexualité joua dans la Révolution de 1979 qui mena l'Ayatollah Khomeini et ses partisans au pouvoir.

    "Mais ce qui indigna le plus les gens, ce fut cet événement au cours duquel deux jeunes hommes de l'élite, liés à la cour, organisèrent une cérémonie de mariage officieuse. Pour les personnes très religieuses, cet événement confirma que la maison des Pahlavi était corrompue par les pires trangressions sexuelles, et que le roi n'était désormais plus le maître de sa propre maison. Ces rumeurs contribuèrent à amplifier la colère du peuple, faisant monter en lui un sentiment d'indignation et de honte, puis il fut finalement utilisé par les islamistes lorsqu'ils appelèrent à la révolution.

    Peu après son arrivée au pouvoir, l'ayatollah Khomeini établit la peine de mort pour homosexualité.

    Dans "Politiques Sexuelles dans l'Iran Moderne", Afary souligne la situation délicate des homosexuels sous le régime d'Ahmadinejad : "Tandis que la shari'a [loi islamique] exige [pour pouvoir condamner une personne] soit la confession des accusés eux-même, soit la parole de quatre témoins les ayant surpris en flagrant délit, les autorités d'aujourd'hui ne se basent plus que sur des preuves médicales de pénétration dans le cas d'une relation homosexuelle. Une fois qu'ils ont trouvé ces preuves en faisant des analyses médicales, ils condamnent à mort les accusés. Comme les exécutions d'hommes pour homosexualité suscitent l'indignation internationale, l'Etat a tendance à aggraver ces accusations avec d'autres, telles que le viol ou la pédophilie. L'utilisation récurrente de ces tactiques a ébranlé le statut de la communauté gay iranienne et a atténué la sympathie du public à son encontre.  Pendant ce temps, beaucoup d'Iraniens croient que la pédophilie est très présente dans les villes religieuses de Qom et Mashad, y compris dans les séminaires, où les mariages temporaires et la prostitution sont également des pratiques courantes." [l'auteur de l'article précise ensuite que certains de ses travaux ont servi à élaborer le livre d'Afary]

    Dans ce résumé, forcément tronqué, de quelques-unes des plus importantes révélations et conclusions du livre d'Afary en ce qui concerne l'homosexualité, il était impossible de rendre justice à toute l'ampleur et à la portée du livre "Politiques Sexuelles dans l'Iran Moderne", dont la partie la plus vaste est dédiée au rôle des femmes iraniennes, et à leurs luttes pour la liberté (qui a commencé dès le XIXe siècle). Mais, comme Afary l'écrit elle-même, "pendant très longtemps, le simple fait de parler de l'omniprésence de l'homoérotisme perse dans la culture prémoderne était taxé "d'orientalisme"... [mais] je trouve de plus en plus que nous ne pouvons pas parler de genre et de droits des femmes, en particulier des droits liés au mariage, sans nous pencher sur le sujet des relations de même sexe."

    Et ça, elle l'a fait, avec une sensibilité, une rigueur intellectuelle, un engagement, une subtilité et un talent hors du commun.

    Et pour cela, à la fois les LGBT iraniens et les féministes de cette nation ont une énorme dette de gratitude envers Afary, ainsi que tous ceux d'entre nous qui sont concernés par la libération sexuelle dans le monde entier.

     

    NdT: ce texte est une traduction amateure de l'article en anglais que vous pouvez trouver ici:

    https://sherryx.wordpress.com/2009/06/19/hidden-history-of-homosexuality-in-iran/] 

    Articles connexes :

    http://www.iranicaonline.org/articles/homosexuality-iii

    Une autre traduction française est disponible ici (oui, je l'ai vue après coup ....) :

    http://ddata.over-blog.com/0/05/17/99/DOSSIER1/HOMOPHILIE-OUBLIEE-DE-LA-SOCIETE-IRANIENNE-REVUE-BOOKS-D.pdf

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